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Le cinéma, un outil pédagogique pour des gestes écologiques

La région Ile-de-France participe à ce projet en collaboration avec des réalisateurs du monde entier. Crédits : Femina.fr

Hier, s’est tenue la soirée d’ouverture du 29ème Festival International du Film d’Environnement qui se déroule du 7 au 14 février au Cinéma des Cinéastes, dans le 17ème arrondissement de Paris. Le festival, qui a débuté par la diffusion du film d’animation Zarafa, se fixe pour objectif de sensibiliser le public sur la responsabilité écologique de chacun.

Pas de tapis rouge, ni de robes longues devant le Cinéma des Cinéastes à 18h30. Le hall d’entrée revêt des allures de halte-garderie : des enfants courent et crient dans les couloirs pendant que les parents font la queue pour assister, en famille, à la projection de Zarafa. L’année dernière, la 28ème édition avait accueilli plus de 12 500 spectateurs.

Zarafa n’est que le premier film d’une longue série. Le Festival International du Film d’Environnement (FIFE) regroupe 116 courts et longs métrages ou documentaires venus de 34 pays, mais aussi des débats sur le développement durable, les nouvelles énergies ou encore le réchauffement climatique. Le but de ce festival, gratuit pour tous, reste de rassembler un maximum de spectateurs afin de sensibiliser le plus grand nombre aux enjeux environnementaux. Le FIFE, créé en 1982, est le fruit d’une collaboration entre la région Ile-de-France, représentée hier soir par le Président du conseil régional, Jean-Paul Huchon et des réalisateurs du monde entier.

« Si l’écologie est un vecteur militant, le cinéma, lui, est le vecteur d’explication »

Une fois la salle remplie, Jean-Paul Huchon, monte sur l’estrade, sous les applaudissements des 300 spectateurs présents. Pour le président de la région Ile-de-France, il ne fait aucun doute que le cinéma peut faire changer les mentalités quant aux problèmes de l’environnement : « En cette période de crise de l’écologie, les relais d’opinion comme les salles de cinéma restent déterminants. Si l’écologie est un vecteur militant, le septième art, lui, est le vecteur d’explication. La projection d’un film représente l’un des moyens les plus efficaces pour alerter et surtout mobiliser les citoyens. Le travail pédagogique du FIFE est très précieux : informer, éduquer et sensibiliser le plus grand nombre aux risques qui pèsent sur notre planète ».

Organisateurs et membres du jury défilent sur scène pendant plus d’une heure pour rappeler l’objectif du festival qui est de donner à voir la situation écologique du monde avec des supports gratuits de grande qualité. Pour eux, le cinéma permet de sensibiliser à l’écocitoyenneté en incitant le public à la réflexion et à l’action. Pour les plus jeunes, l’attente est longue: « C’est quand que le film commence ? ».

« Le dernier bastion pour faire passer des idées est le cinéma »

Brigitte Roüan, réalisatrice et présidente du jury prend à son tour la parole : «La première question qui me soit venue à l’esprit en visionnant ces films a été : quel est leur destin ? Un jour, le réalisateur Théo Angelopoulos m’a dit que le dernier bastion de la résistance pour faire passer des idées était le cinéma. Il faudrait faire visionner ces films aux enfants, dès la maternelle, pour les éduquer aux gestes simples et faire changer les mentalités des nouvelles générations ».

Des films en compétition pour illustrer les initiatives personnelles ou collectives qui, à travers le monde, tentent de construire un avenir durable et respectueux des hommes et de la nature. Le meilleur film sera récompensé du Grand Prix du jury le 14 février, assorti d’un chèque de 10 000 euros. L’an dernier, Wasteland avait décroché la palme.

Jean-Paul Huchon conclut la cérémonie par une citation d’Al Gore, ancien candidat à l’élection présidentielle des États-Unis : « Pour modifier en profondeur nos manières d’appréhender le monde, il faut avant tout prôner la politiques des esprits ». Les lumières s’éteignent sous les applaudissements, chut, la leçon peut commencer.

Éléonore Friess

Festival International du Film d’Environnement du 7 au 14 février 2012 au Cinéma des Cinéastes et en Ile-De-France

Renseignements sur www.festivalenvironnement.com ou au 01.53.42.40.20

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A Saint-Denis, révolutions sur grand écran

Jusqu’au 7 février, le cinéma L’Ecran à Saint-Denis (93) propose une programmation exceptionnelle sur la thématique des révolutions dans le monde.

L'affiche du festival est inspiré d'un personnage du film "Les Chants de Mandrin", diffusé lundi 6. Crédits : Cinéma L'Ecran

« Est-ce ainsi que les hommes vivent ? », s’interrogeait Louis Aragon, célèbre poète du XXe siècle. Depuis l’an 2000, le cinéma L’Ecran a pris le relais, à Saint-Denis (93). Pour la 12e année consécutive, le cinéma d’art et d’essai dionysien s’interroge sur des grandes questions de société à travers des films actuels ou anciens, pendant une semaine. En 2009, le festival avait réagi à l’élection de Barack Obama à la présidence américaine en présentant une thématique « Black Revolution ».

En 2012, un fil rouge s’imposait : le Printemps arabe. Pendant une semaine et 70 films, le festival s’intéresse à toutes les révolutions, grâce au formidable point de départ des soulèvements nord-africains. « Nous voulons jeter un regard sur la manière de parler des cinéastes pendant les révolutions », explique Boris Spire, directeur de L’Ecran depuis 2004.

Les révoltes cubaine, russe, hongroise ou mexicaine sont notamment au programme. La France aussi, avec La Marseillaise de Jean Renoir (1937), qui raconte l’engagement de jeunes provençaux dans la Révolution française de 1789. Ou Grands soirs et petits matins (1968-78), qui se concentre sur Mai 68. William Klein, le réalisateur, rencontrera le public de L’Ecran vendredi soir, après la diffusion de son film (20h15).

Le Bon, la Brute et le Truand version égyptienne

Le cinéma étranger s’attarde également sur les révolutions françaises. L’Américain David W.Griffith conte la vie de deux orphelines quelque temps avant la Révolution, dans Orphans of the Storm (1921). Les Russes Kosintsev et Trauberg se sont intéressés au Paris de 1870 avec la naissance de la Commune insurrectionnelle, dans La Nouvelle Babylone.

Samedi après-midi, Le Bon, la Brute et le Truand version égyptienne. Pendant une heure et demie, un documentaire (Tahrir 2011) découpé en trois séquences : The Good décrypte l’action des révolutionnaires, The Bad se concentre sur les méthodes de répression de la police, alors que The Politician s’occupe de la personnalité du dictateur déchu, Hosni Moubarak.

Samedi soir, l’Association du cinéma euro-arabe propose 16 courts-métrages sur le Printemps arabe. Certains sont des work in progress, c’est-à-dire qu’ils sont en cours de réalisation, comme Brûlures de Farah Khadhar qui s’interroge sur les conséquences de la révolution tunisienne, ou Yémen : La révolution au féminin de Khadija Al-Salami. Le collectif syrien Abounaddara signe une série de sept court-métrages, alors que révolte et répression sont toujours au cœur du quotidien du peuple de Syrie.

Résonnance des révolutions, de la Bastille à Tahrir

« Ces films sont l’illustration du renouvellement cinématographique », explique Boris Spire. Des images souvent captées avec «  de petites caméras, des téléphones ».

Jeudi soir, la société iranienne et le régime d’Ahmadinejad étaient au centre des débats avec Iran About et Fragments d’une révolution. Des témoignages et vidéos anonymes racontaient le soulèvement de 2009 en le rapprochant avec celui de 1979. Un peu plus tôt, c’était la Roumanie de Ceaucescu.

"Il était une fois la révolution", de Sergio Leone, sera diffusé dimanche soir. DR

La force de ce festival est de mettre en résonnance plusieurs mouvements de divers pays, diverses époques. Le 89 arabe, livre de Benjamin Stora et Edwy Plenel, sera l’objet d’une table ronde, dimanche soir, autour des deux auteurs et des liens entre le 89 de la Bastille, le 89 du Mur de Berlin et les révolutions arabes.

« Le festival est ancré dans des réalités politiques, au sens noble du terme », poursuit le directeur de L’Ecran. « Nous nous engageons à travers la programmation, le choix des invités. » Boris Spire estime que Saint-Denis est la ville par excellence pour accueillir une telle manifestation. « C’est la ville laboratoire du melting-pot. Traditionnellement, Saint-Denis a toujours été animée politiquement. »

Comme tout au long de l’année, L’Ecran travaille au cours du festival avec les scolaires. Des séances sont réservées aux jeunes dionysiens, « de la maternelle à l’université », précise le directeur. Parce que le cinéma est « le medium le plus subtil et le plus accessible ». Et car « c’est le plus beau miroir de la société ». Il ne reste donc qu’à choisir sa révolution, et à la suivre sur grand écran.

Thibaut Geffrotin

Infos pratiques : 
« Révolutions », 12e journées cinématographiques dionysiennes. Jusqu’au 7 février. Cinéma L’Ecran, place du Caquet, 93200 Saint-Denis. Métro Basilique de Saint-Denis (ligne 13). 01-49-33-66-88. www.estceainsi.fr Tarifs : 6€ – 5€ tarif réduit. 16€ forfait 4 séances + clôture.
Le programme complet : http://lecranstdenis.org/revolutions/calendrier/mercredi-01-fevrier.html

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Longue aventure pour un court métrage

A 28 ans, Dominique Rocher est le lauréat des Audi Talent Awards 2011 pour son court-métrage « La Vitesse du Passé ». Le film de 15 minutes raconte l’histoire d’un couple séparé par le temps après un accident. L’homme reste figé dans l’instant alors que sa femme vieillit à ses cotés. Après la diffusion du 18 au 22 décembre sur le site Audi, Dominique Rocher présente maintenant son court-métrage aux festivals du monde entier.

Dominique Rocher a de nouveau séduit le jury des Audi Talent Awards avec son court-métrage "La Vitesse du Passé". Crédits : kidclap

Comment avez-vous su allier les contraintes des consignes du concours à votre imagination?

Cette année il s’agissait de présenter un scénario à un jury et de défendre mon projet devant eux. Le thème imposé était la temporalité. J’avais déjà pensé longuement à un scénario où un couple est séparé par le temps. Elle continue de vieillir et lui reste toujours jeune. C’était tout à fait un hasard! Je me suis dit que ca correspondait bien à l’impératif donné. Et comme je connaissais bien mon scénario, j’ai su le défendre devant le jury.

Gagner un prix, est-ce indispensable pour un jeune réalisateur?

C’est en tout cas une aide considérable. Audi a plein de partenaires. Une fois mon scénario validé, ils m’ont donné les moyens de mettre mon film sur pied. J’ai bénéficié d’une excellent équipe. Les rôles principaux sont joués par Mélanie Thierry et Alban Lenoir. La musique a été composée par Etienne Forget, qui a le même âge que moi. Nous avons déjà travaillé ensemble pour plusieurs projets.

La diffusion sur le site Audi s’est terminée le 22 décembre. Que va-t-il advenir du film maintenant?

La prochaine étape pour « La vitesse du passé » est d’être vendu à une chaîne de télévision. Nous avons des accords qui sont en cours de signature avec Canal Plus, qui est le plus gros acheteur mondial de courts-métrages. En ce moment, nous sélectionnons aussi les festivals auxquels le film sera présenté. Berlin, New-York et Cannes sont trois candidatures certaines. Nous privilégions les festivals qui mènent aux Oscar. Sans être imbus de nous mêmes, nous visons simplement au plus haut, afin de faire au mieux.

Quel message souhaitez-vous faire passer avec ce court métrage?

Beaucoup de personnes m’ont dit que cela leur faisait penser à une métaphore du coma. Je pense que c’est beaucoup une réflexion sur le temps qui passe. Mes proches m’ont dit qu’ils me trouvaient un peu obsédé par ça. Je me dis que c’est très important de profiter du temps que l’on a.

Quelles ont été vos sources d’inspirations pour cette histoire fantastique?

Pour ce court métrage je me suis inspiré de la poésie et de la science. Il y a eu en Suisse en 2007 la mise en marche d’un accélérateur de particules. A ce moment là, les horloges atomiques aux alentours se sont ralenties. Je me suis alors imaginé que le temps puisse séparer deux personnes. La femme est bloquée dans le temps qui attend son amoureux alors que pour lui cela ne dure que quelques secondes. On pourrait rapprocher cela du livre « Le Grand Secret de Barjavel », qui parle d’un virus qui rend les gens immortels. Mais à part ca, je m’inspire beaucoup de films fantastiques comme « The Eternal Sunshine Of The Spotless Mind » ou « Dans la Peau de John Malkovitch ».

Souhaitez-vous rester dans le monde des courts-métrages?

Non, à terme, je voudrais me lancer dans les longs-métrages. Mais cela n’est pas facile. Pour un jeune réalisateur, le but est de créer plusieurs courts-métrages. Après avoir écrit un scénario, il faut environ deux ans pour trouver des financements solides auprès de la région et du Centre National de la Cinématographie. Avec 80 000, on peut envisager de commencer à tourner. Après avoir fait quelques films de ce type, c’est un peu comme si on obtenait un passeport pour pouvoir faire de longs-métrages.

Coralie Lemke

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Marilou, pour l’amour du twist

"Le rock est fait pour danser", affirme Marilou, jeune chanteuse de 21 ans. Crédits : Le Cercle de l'Info

Depuis près d’un an, Marilou fait danser les bars parisiens, accompagnée de quatre garçons. En janvier, elle enregistre avec son groupe la bande-originale du film d’Eddy Mitchell, Cinéphiles de notre temps.

Il y a Vince, Jules, Val et Jérémy. Mais il y a surtout Marilou. « Marilou et les garçons », c’est un groupe de rockabilly pop’ hyper-dynamique. Marilou et ses garçons. Son groupe, la chanteuse de 21 ans l’a façonné à son image. « J’aime le twist depuis que je suis toute petite », raconte-t-elle.

« J’ai beaucoup écouté les yé-yé, France Gall, Françoise Hardy. Puis, Elvis, Eddy Mitchell, Dick Rivers, Chuck Berry, Cochran, les Rita Mitsuko… ». Notre twisteuse possède sa propre vision de la musique qu’elle affectionne. « Le rock est fait pour danser. Je m’ennuie quand on joue de longs solos type Johnny Cash ou Led Zep, même si j’aime les écouter ». D’où le mélange de rock ancien et de pop des compositions de Marilou.

« On a gardé la rythmique pour créer notre son. Les morceaux doivent être simples et efficaces ». Son public ne s’y trompe pas, à tel point qu’on aurait presque l’impression, parfois, de s’immerger dans l’ambiance du Golf Drouot des années 50-60. A cette époque, Johnny Hallyday popularisait le rock’n’roll en France. Une réussite qui fait rêver Marilou, qui a vu Johnny pour la première fois au Stade de France en 2009.

Ce soir-là, elle a « compris » le phénomène, dit-elle. « J’aime son énergie, sa musique efficace, tout en restant en français ». La première chanson de Marilou, c’était d’ailleurs La Terre Promise. Ses autres reprises, elle les a maquillées en « chansons de fille ». Une vraie originalité.

« Les paroles des années 60 sont machistes, je les ai transposées au féminin ». La twisteuse niçoise n’a peur de rien et se venge dans sa « recette à l’arsenic », à écouter absolument.

En concert au Lautrec, en novembre. Crédits : Le Cercle de l'Info

« Blousons noirs, bananes et Travolta »

Elle raconte son « coup de foudre musical » avec ses deux guitaristes et son bassiste. « J’ai galéré pendant trois ans pour trouver des musiciens, et tout a été très vite en une semaine. » Marilou, au caractère ambivalent (« à la fois féminin et masculin »), a toujours joué avec des garçons. Depuis février 2011, le groupe – qui a recruté un nouveau batteur tout récemment – carbure et s’est produit une trentaine de fois. « On veut jouer le plus possible. C’est en faisant de la scène qu’on exploitera au maximum notre son ».

Marilou et ses quatre musicos font tous partie d’ATLA, l’école des musiques actuelles de Paris, et répètent ensemble « entre 20 et 25 heures par semaine ». Ce mois de janvier, ils enregistrent la BO de Cinéphiles de notre temps, un film avec Eddy Mitchell. Marilou a un rêve, qui s’apparente à un énorme défi. Faire revivre la mode du rock’n’roll en France.

« C’est les blousons noirs, les cheveux en banane, John Travolta ». C’est désormais, aussi, Marilou et les garçons.

Thibaut Geffrotin

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LIGNE DE VIE. Marilou Chollet, 21 ans. Née à Nice, Parisienne depuis 10 ans après 10 ans passés à Toulouse. Fille d’écrivains, elle quitte l’école à 16 ans, s’essaye au théâtre avant de prendre le micro. Définitivement ?

Les cinq premiers CD de Marilou : Amoureux de Paname, Renaud (1975). L’homme à tête de chou, Serge Gainsbourg (1976). Morrisson hotel, The Doors (1970). Un autre monde, Téléphone (1984). Hot rocks – Best of 1964-71, The Rolling Stones. « Je peux les écouter en boucle », sourit-elle.

MARILOU ET LES GARCONS AU LAUTREC A PARIS

Ecouter aussi le titre « Chérie Chérie » sur le site de Marilou et les Garçons

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Scorsese, horloger du 7ème art

Le cinéaste américain rompt complètement avec ses précédents films et renoue avec le cinéma d'antan. Crédits : Allociné.fr

Avec Hugo Cabret, son dernier film, le cinéaste Martin Scorsese invite les spectateurs dans un voyage au coeur du cinéma et de l’homme. Un film puissant et tout public qui vous clouera à vos fauteuils. A voir – pour une fois – en 3D.

« Si un jour tu te demandes où sont fabriqués les rêves, chuchote Georges Méliès, c’est ici ».
Derrière ce barbu déguisé en homard, une sirène à l’épaisse chevelure scintille et un dragon de bois crache des étincelles. Des mélomanes perdent leurs têtes, des squelettes disparaissent dans une épaisse fumée et une lune reçoit une fusée en plein œil. Nous sommes à Paris, aux balbutiements du cinéma. En ce début du XXe siècle, les spectateurs hurlent d’effroi en voyant sur l’écran un train arriver en gare. Les réalisateurs sont alors des bricoleurs, des horlogers bidouillant un art nouveau. Mais après la première guerre mondiale, Méliès, génie du cinéma, ne parvient plus séduire son public, traumatisé par les images cauchemardesques des tranchées. Fou de désespoir, le magicien brûle ses décors, anéantit ses bobines et tombe dans la dépression. Une tristesse dans laquelle refuse de le voir sombrer Brian Selznick, auteur du livre L’invention d’Hugo Cabret (2007), et dont Martin Scorsese nous livre son adaptation.

Hugo Cabret est plus qu’un conte de Noël sauce Hollywoodisney. C’est une ode au cinéma, aux mains dans le cambouis et à la tête dans les étoiles. L’histoire d’un petit homme, tout juste orphelin, qui vit dans une gare où se croisent des gardes estropiés, des vieux amoureux canins, une jolie fleuriste et une passionnée de romanesque. Un garçon qui veut réparer un automate et qui, avec l’aide d’une clé en cœur, réparera un vieillard blessé par la déception. Pas de larmes inutiles, pas de fausses notes : aucune émotion n’est de trop, un peu comme « une pièce dans une machine » dirait Hugo en fixant la caméra de ses yeux ciel. Un film pudique et magique sur la quête de soi, l’évasion artistique et la persévérance, qui fera remonter en vous l’envie d’imaginer et de créer.

Mais la plus grande réussite de Scorsese, c’est la réalisation d’une extraordinaire machine à voyager dans le temps. Des vieilles images du pionnier des trucages sont transposées en 3D, une technique qui prend -enfin- tout son sens. Elle fera tomber des flocons de neige sur le bout de votre nez, surgir des trains fous et pleurer des lunes blessées au-dessus de vos têtes. Méliès avait le goût des décors en relief; d’un coup de baguette, Scorsese les fait renaître de leurs cendres et sortir des écrans. Deux époques, deux passionnés, rassemblés en un seul film au nom du septième art. Alors, ne vous fiez pas à l’affiche et à la bande-annonce très commerciales, plongez dans un voyage à couper le souffle en plein coeur du cinéma et rêvez.

Julie Reynié

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